Sommaire d’août 2009

Fibres
Fibres

Interstices
Interstices

Fougère
Fougère

Bouquet
Bouquet

Mousson
Mousson

Fynbos
Fynbos

Ombrage
Ombrage

Musa
Musa

Abeille
Abeille

Nombre de billets : 9

Le temps des vacances, le temps des latences, le temps des errances, le temps des silences, le temps de vivre …

Bienvenue aux nouveaux passagers et un grand merci d’avoir animé en beauté cet espace pendant mes absences!

Articulation du Voyage: De l’HYDRE de l’olivier, allons rêver dans les FIBRES de l’eucalyptus et dans les INTERSTICES d’une souche. Le cercle des étoiles mène à la couronne de la FOUGERE puis au BOUQUET de la fougère arborescente. Forêt tropicale, le temps de la MOUSSON et la pluie qui rebondit sur les feuilles. L’averse fait le lien avec les flammes obliques du FYNBOS. Après la chaleur, la fraîcheur végétale de l’OMBRAGE, les jeux de voile du MUSA, les jeux d’ombres de l’ABEILLE en transparence.

Voici le beau texte mélancolique et plein d’espoir de Monique !

De quelles FIBRES est tissé mon cœur, où résonne dans l’INTERSTICE des jours, l’écho des mots de la terre. Dans les sous-bois de ma mémoire les FOUGERES poussent en abondance pour y cacher mes peines et mes souffrances, Chaque larme, comme une goutte d’eau vient redonner vigueur à mon désespoir, craignant la MOUSSON prochaine qui donnerait aux FYNBOS envahissants, libre cours à la mélancolie, à la tristesse  Le soleil viendra t-il ravir  tant de douleur laissant ma peine sous les OMBRAGES du passé, faisant refleurir les MUSA du jardin enchanté où l’ABEILLE viendra de nouveau butiner à son aise. BOUQUET d’Espoir !

23 réflexions sur « Sommaire d’août 2009 »

  1. Des pages manquantes en ces jours d’éloignement
    La douce musique des images et des mots revient nous charmer
    Bravo Ossiane toujours en perfection
    Bravo Monique en nostalgie délicate et rayonnante d’espoir

  2. Monique
    Il faut que tu gardes bien ton BOUQUET d’Espoir !
    Tes mots sont de mélancolie. de tristesse
    mais le bouquet d’espoir est la lumière à la fin de tunnel!
    je t’embrasse.

    Avec l’aide des vers d’Ossiane
    je rémemore les pas du mois.

    Les FIBRES de mon coeur,
    « Filaments de moi », vibrent
    Et pour les INTERSTICES
    « Ressonances » penetrent
    Dans le jardin de mon âme
    Où ,
    comme une flamme verte,
    Poussent des FOUGÈRES,
    Au « fraîcheur de sous bois »
    « Corolle ouverte »
    En BOUQUETs legères
    « Fleur de la fôret ».

    Indiscret
    Le « bruissement d’ombelles »
    Signale le MOUSSON,
    Le vent qui vient
    En « passage de feu »
    « Sur les tiges en flammes »
    des FINBOS, « des feuilles d’or ».

    À l’OMBRAGE ,
    « sous le parasol »
    De MUSA,
    un drapeau vert et jaune,
    « Par la fenêtre ouverte »
    contre le ciel bleu
    une petite ABEILLE
    joue le « theâtre d’ombres ».
    « Attirance »
    « Transparence »

  3. Voyage au coeur de la nature pour Ossiane et au fond de l’âme pour Monique, vos deux musiques sont poétiques et prenantes. Quel Oeil Ouvert, avez-vous ! Merci d’autant de grâce en partage.

  4. Très joli texte Monique
    bisou à toi Jacline, tu m’auras fait sourire

    Au jardin tropical
    Où germent les musa,
    Je me laisse envouter
    Par les jeux d’une abeille
    qui danse pour raconter
    les quatre éléments
    et leurs pas conjugués,
    la pluie et ses jeux d’eau
    les interstices gagnés
    par l’onde en crescendo
    et les fibres mouillées
    d’une nature révélée.
    La mousson a laissé
    son bouquet de saisons
    rafraîchir la fougère
    et les fymbos blessés
    sans ombrage à foison
    du feu se régénèrent
    Dans un doux équilibre
    pour nos pas dans les siens
    la terre meut son corps libre
    et multiplie la vie

  5. .
    Bonsoir, je vous lis le coeur ému, vous êtes vraiment tous adorables;-)

    >Un grand bravo à toi Neyde, toujours aussi infatiguable, inventive et émouvante pour illuminer le sommaire du mois. Je t’embrasse en vert et jaune!!!

    >Bravo à toi aussi lou d’Amérique, ta plume resplendit à chaque fois!

    >Bienvenue à Alain que j’invite à revenir s’il se sent bien ici;-)

    * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

    Enfin je vous livre tout frais, tout chaud, tout croquant, le premier poème du mois de notre double Bourrache;-) Je lui ai proposé de prendre la relève pour le mois suivant.

    Bonne nuit !

    Ossiane

    —————————————————————————————
    _

    Mon petit lopin de terre
    Arpente ses verts.
    « Sème, s’aiment, sème »
    Répand le vent.
    .
    Noyers, noyaux,
    Pépins, grains de folie,
    MOUSSON-moisson de mots
    Offrent un BOUQUET de poésie.
    .
    L’ABEILLE musarde, essaime
    L’escargot dort
    Au dos de la FOUGERE
    Et l’oiseau … ah, l’oiseau …
    .
    Demain, peut-être,
    Changement de climat
    FYNBOS s’invitera
    Sur mon petit arpent de terre et de vers.
    .
    A vous, qui scrutez d’un Oeil les INTERSTICES de mon jardin privé,
    de mon jardin secret, j’avoue :
    .
    je ne vous ai pas parlé de l’Ô.
    .

    N’en prenez pas OMBRAGE !

    BOURRACHE

    ———————————————————————————–


  6. Merci, Ossiane.

    Chapô Monique, Neyde (une biz toute spéciale pour toi) et Lou(-du-Pont-qui-Blinque).

    Moi, j’ai oublié les FIBRES … n’oubliez pas d’en consommer quotidiennement (c’est excellent pour le moral intestinal qu’ils disent).
    Et MUSArde se cache…

    Clin d’oeil, sourire, biz et belle journée à tous.

  7. L’ABEILLE s’AMUSA,
    belle de jour, son jour,
    sous l’OMBRAGE de la FOUGERE,
    elle butina dans les INTERSTICES de sa mémoire,
    les FIBRES des plus doux pollens,
    pour créer un BOUQUET fort délicat,
    un si bel naturel FYNBOS délicieux onctueux ,
    douce récolte dedans son âme,
    après la MOUSSON de l’été,
    et colla sur son petit pot,
    « pour mon aimé que j’aime ».

    et je vous lis, et apprécie,
    et me suis laissée tenter à laisser des tapouilles.

  8. Monique, Lou, Bourrache, Annick.
    C’est une pléiade de poètes et ses poèmes du mois!
    Chaque tête une idée, un chemin different pour la poésie.
    Les mêmes mots se lient de façons diverses, c’est l’émotion de chacun.
    C’est très intéressant ça.
    J’aime faire et lire ces constructions poétiques.
    je fais comme l’abeille de Annick, je m’amuse!
    Bravo à tous!
    J’ai reçu ta biz Bourrache et j’attends impatiente le sumaire de mois de Septembre pour lire ton poème.
    J’aime tes mots, si délicats.
    Bienvenue Ossiane.

  9. Merci Neyde,
    et de me relire et le dire, mince de mince, miel de miel, j’ai mis AMUSA, quand
    il me fallait écrire MUSA,
    alors je reprends mon étourderie…
    Oui, ils sont bien beaux, tous vos poèmes, mon petit coeur, il les aime, chacun…

    L’ABEILLE s’aMUSA,
    belle de jour, son jour,
    sous l’OMBRAGE de la FOUGERE,
    elle butina dans les INTERSTICES de sa mémoire,
    les FIBRES des plus doux pollens,
    pour créer un BOUQUET fort délicat,
    un si bel naturel FYNBOS délicieux onctueux ,
    douce récolte dedans son âme,
    après la MOUSSON de l’été,
    et colla sur son petit pot,
    “pour mon aimé que j’aime”.

    bises du jour! bzzzbzzz!

  10. il manque des mots
    des mots de sève
    de racines
    et de feuillage
    des mots verdâtres d’un soleil passion Fibres
    Interstices
    Fougère
    Bouquet
    Mousson
    Fynbos
    Ombrage
    Musa
    Abeille

  11. Un merci à chacun pour tous ces petits mots de gentillesse que vous m’avez adressés, ils viennent grossir « le bouquet d’espoir »
    Au sommaire de ce mois-ci, j’ai fort apprécié vos textes Lou, Neyde, Annick, Bourrache et Aspe. Tant de bouquets de mots, d’espoir, de poésie viennent fleurir notre navire pour le rendre chaque jour plus accueillant, plus somptueux et encourager notre Capitaine dans cette unique et si belle traversée à travers les chemins de la vie avec pour bagages partagés, des idées, des mots, des images et beaucoup d’amour.

  12. Distraction mais pas indifférence
    silence pour respiration
    apprécier cela
    il faut un art consommé
    pour lier ainsi en gerbes
    ces mots si bien assemblés
    cela s’apprend sans doute
    cela s’admire aussi
    trop fortes mesdames
    chapeau bas !

  13. LA LUNE VUE PAR DE GRANDS AUTEURS

    Bonjour,

    Afin d’enrichir votre site je vous propose ces neuf textes sur le thème de la Lune écrits par de grands auteurs à un moment donné de leur vie. Tout le plaisir est pour moi de promouvoir une si jolie cause. Merci pour votre attention.

    Raphaël Zacharie de Izarra

    +++++++

    1 – La pleine lune

    Elle se lève sur l’horizon avec un visage pâle, des joues enflées, une tête molle. Elle monte et survole forêts, routes, villages en rapetissant, devient plus vive à mesure qu’elle s’élève. Parvenue au zénith, l’oeil pétillant, le front clair, elle crache comme une vipère sur les oiseaux de nuit qui la contemplent en rêvassant. Éblouissante, muette comme une taupe, féline dans son empyrée, elle plane au-dessus des têtes, ricaneuse.

    Elle miaule dans le ciel, les spectres l’entendent. Les hérissons sont ses confidents, les hiboux ses messagers, les tombes ses miroirs. Marmoréenne, duveteuse et sépulcrale, elle étincelle d’un seul feu. C’est une flamme mourante que ravivent à chaque instant les moribonds de la Terre. Asile des trépassés, refuge des âmes envolées, l’astre est un vaisseau hanté. Des fantômes sont à la barre : elle vogue, naviguant à vue, myope, stupide.

    Belle comme une morte, séduisante avec ses cheveux de sorcière, charmante avec son sourire hypocrite, amoureuse comme une pieuvre, la mélancolie est son royaume. Déesse inquiétante, fauve céleste, oiseau sidéral, caillou plein d’éclat, la Lune depuis la nuit des temps chante sa complainte à l’Éternité.

    Alfred de Musset

    2 – La face cachée de la Lune

    Verte, sournoise, tranchante, voici la Lune qui croasse. Ses ailes d’éther sont de mauvais augure. J’aime les sourires fourbes de cette hanteuse.

    Point crucial de la nuit, oeil errant de la voûte, confidente des clochers, elle accompagne mes veilles, fidèle, moqueuse, attachante. Je trouve sa face subtile, sa caresse ironique, son silence mortel. Elle passe, fécondante, prodiguant mauvais rêves et bonnes fortunes. Ses quiets rayons irradient le malheur. Elle rassure les chouettes, effraie les dormeurs.

    Elle répand son miel dans l’espace, déverse son fiel sur les poètes, rend muettes les villes, fait parler les campagnes… Elle attise les rumeurs, ravive âtres et légendes, délie les mauvaises langues, fait fermer les portes et sceller les coffres.

    Il m’arrive de lui parler. Mes mots pour elle sont tendres. Mais ses éclats sont durs. On la croit pâle, molle, sereine, elle est vive, sèche, tourmentée. C’est une amie sévère qui rit avec férocité, sanglote à faire rendre l’âme.

    J’aime cette séductrice aux joues brillantes, au front lisse, au regard fixe. Ne vous fiez pas à ses allures candides, car la Lune en vérité est une méchante fée, une sorcière qui diffuse un parfum venimeux, suave et mystérieux sur la Terre.

    Victor Hugo

    3 – Au clair de l’une, à l’ombre de l’autre

    Mademoiselle,

    A la vue de la Lune montant dans la nue, vos traits s’imposent à moi. Toujours, je vous ai associée au disque lunaire, vous ma claustrale, vous ma mélancolique amante. Pâle apparition aux charmes muets et au visage vague, vous êtes l’appel du large : celui des profondeurs sidérales et des étoiles lointaines.

    Vous êtes ma consolation poétique, une sorte de lueur au firmament qui entretient en moi le rêve. Demeurez pour toujours cette spectrale, frêle créature croisée entre poussière et azur, entre ciel et gargouilles. Votre orbite est onirique, vous l’astre au teint blême. Chaque fois que je regarde la Lune, c’est votre visage que je vois Mademoiselle, aussi doux qu’une chandelle, mystérieux comme un oiseau de nuit, hâve tel un fantôme.

    Lorsque passe au-dessus mon toit la sphère étrange, qu’elle chuchote à travers ma fenêtre, qu’elle se fait compagne de mes insomnies, c’est vous que j’entends frapper au carreau, vous qui hantez ma chambre, vous qui me tenez en éveil.

    La Veilleuse qui luit au zénith me rappelle la triste chartraine que vous êtes. Vous ne cessez de tourner autour de moi Mademoiselle. Et tout comme la blanche Dame au dos rond, vos grâces sont tombales. Je chante à l’infini votre beauté funèbre.

    Vous avez les attraits cosmiques des sélènes créatures et des filants objets qui peuplent la voûte, hôtes célestes que je poursuis comme un Graal à ma portée.

    Vous ressemblez au mystère d’en haut. Vous êtes un temple, et de ce temple s’élève une prière. Et cette prière, c’est la mienne. Et je m’adresse à vous. Et le sens de ma prière est l’amour.

    Chartres est mon éden et ma douleur, ma gloire et ma misère. Et votre rivale de chair qui partage mon alcôve, ma plus chère faiblesse. Vous, vous êtes mon purgatoire, ma croix, mon linceul. Et puis ma rédemption, ma lumière, mon salut. L’une est ma conquête temporelle, l’autre ma victoire céleste. L’une à ma gauche, l’autre à ma droite. L’une est un peu ange, l’autre un peu diable. Tiraillé entre ces deux feux, je me consume.

    Ma plume est une flamme et vous Mademoiselle, vous êtes un songe. Des deux follets sont nées ces lettres d’artifices.

    Je vous destine ces mots. Je m’en retourne à ma Lune, à ma compagne légitime et à mes chères étoiles, ne cessant de songer à vous.

    Alphonse de Lamartine

    4 – Entre Terre et Lune

    J’erre entre ciel et poussière dans la solitude et le silence, le regard perdu dans les étoiles, le coeur plein de mélancolie. J’allonge le pas sous une nuit éternelle, sur un rivage infini : mon pied est léger, mon coeur est lourd, et mes larmes s’évaporent comme de l’éther dans l’espace. Mon chagrin a le prix des choses inconsistantes : je pleure pour rien du tout.

    Je suis affligé, inconsolable, perdu. Je n’ai plus de joie, et mon infinie tristesse est cependant ma raison de vivre. La blonde veilleuse est mon asile : je suis PIERROT LUNAIRE.

    Charles Péguy

    5 – La Lune

    Pour vous rejoindre, depuis si longtemps que j’en avais conçu l’immortel projet, je me hâterai sans regret, ivre de vous, insoucieux du futur, confiant dans votre pâle éclat, attentif à votre regard paisible, envoûté par votre sourire triste et énigmatique.

    Vous êtes une lyre éternelle accrochée à la nuit, et avant que je ne sois né vous chantiez depuis toujours avec sérénité au-dessus des nues agitées. Je n’étais pas encore en ce monde, et vous le berciez de vos soupirs lents et infinis. Dès que je vous ai vue, à l’éveil de ma jeune âme, j’ai eu l’intuition d’être né par et pour vous.

    Oui, depuis ce temps mythique de mon enfance où, imprégné de votre mystère, j’allais m’évader dans votre chevelure phosphorescente, je rêve de vous. Avec votre insondable mélancolie, vous semblez régner sur mon destin. C’est vers vous que je désire monter. C’est du haut de votre sommet que je veux contempler les êtres et les choses contenus dans l’Univers.

    Au jour de ma mort vous diffuserez vos caressants reflets sur mon visage éteint. Vous êtes onirique, et j’aurai l’éternité devant moi pour fouler votre sol de poussière et d’immuable écume.

    Charles Baudelaire

    6 – Rencontre au sommet

    Ce soir je vais à la Lune.

    Je marcherai à sa rencontre, l’âme flâneuse, le pas paisible. Elle sera ronde, mon coeur sera plein. L’astre étrange est mon asile, mon vertige, mon abîme. Funambule vénéneuse de la voûte, chandelle errante de la nue, j’aime sa molle course au-dessus des toits.

    Tantôt pâle sourire, tantôt face de diable, son mystère s’épaissit au fil de la nuit. C’est une grande Dame qui porte robe longue. C’est aussi une traîtresse qui ricane derrière les égarés. Mieux vaut s’en faire une amie. Ce soir je cheminerai sous son voilage d’éther.

    Je la contemplerai longtemps, somnambulant entre bois et sentiers, la semelle terreuse, la tête effleurant le firmament. Je lui parlerai, et le silence sera d’or.

    Cette nuit sera argentée.

    Vagabonde sidérale, elle disparaîtra dans la brume du matin. Et moi, frissonnant de froid, je me hâterai vers l’âtre. A l’aube je m’endormirai, les cheveux blanchis de la poussière des chemins, la tête pleine des diamants de la nuit.

    Alfred de Vigny

    7 – Une vision des choses

    En rasant la pointe du clocher, la Lune m’apparut comme un Graal à atteindre. Ce soir-là les choses d’apparence les plus anodines dévoilaient un sens caché : je percevais l’essentiel.

    En imagination je remplaçai la pierre par le feu et l’acier : l’église devint fusée. Le vaisseau désignait l’astre, prêt à s’affranchir de la pesanteur. Je vis le mastodonte s’élever dans un bain de lumière, majestueux.

    Je le voyais qui parcourait les profondeurs sidérales : ma pensée vagabonde le suivait dans sa course poétique vers l’infini.

    Les choses ayant pris une soudaine hauteur sous mon regard neuf, je voyais le monde avec vérité. Devant moi la pierre inerte avait déployé ses ailes. La matière sous l’éther s’était allégée.

    Et je demeurai au pied de l’église à fixer la voûte étoilée, idiot.

    René Barjavel

    8 – Un rêve éveillé

    Lors d’une promenade nocturne à cheval, une bien étrange aventure m’est arrivée.

    Je filais à molle allure sous la lune, bercé par le son monotone et doux des sabots de ma monture dont l’écho résonnait avec poésie dans la campagne.

    Mélancolique, je me mis à songer à l’improbable aimée qui tardait à venir. Mais bientôt assoupi par le pas alangui de l’animal, je posai la tête contre sa nuque. Le doux Morphée m’emporta bien vite, tandis que je demeurai à demi couché sur le cheval qui cheminait toujours. Et le songe prit le relais de la rêverie amoureuse… Mais la vision onirique prit corps, tournant à la féerie, et je crus voir ma belle pour de bon :

    Elle marchait à mes côtés, se métamorphosant imperceptiblement en une jument superbe : ses cheveux d’or se changèrent en crinière et sa robe claire épousa ses chairs. Je la montai, aussi fier qu’ému. Aussitôt elle m’emporta dans une chevauchée impétueuse pour prendre son envol vers l’astre de nuit.

    Crinière au vent et bouche écumante, elle se lança dans les airs, frénétique. Mes éperons étincelaient au clair de lune, son crin ondulait fièrement, le vent frais giflait ma face échevelée. Une joie inédite m’inonda.

    Je m’étourdissais dans ce saut vertigineux, les doigts agrippés à sa crinière en bataille. Le zénith atteint, dans un long hennissement qui la fit se cabrer avec grâce sur le fond des étoiles, elle communiqua à la lune son bonheur de sillonner le firmament à mon côté, elle cavale ailée, moi baladin sidéral.

    Enfin, dans un tourbillon furtif nous disparaissions vers les étoiles.

    Reprenant bientôt mes esprits, je m’aperçus que je m’étais égaré durant mon bref sommeil sur le dos du cheval qui, impassible, avait continué sa marche. Et, retournant sur mes pas, je fixais la lune qui éclairait mon chemin, songeur, l’air dubitatif…

    Emu.

    Edgar Allan Poe

    9 – Celui qui est en moi

    Le son des pas du cheval dans la plaine me fait songer à chaque étoile que compte le ciel de ma longue nuit. Lorsque je foule la poussière des chemins, c’est toujours vers le firmament que se tournent mes regards.

    Tous les astres du monde sont logés dans mon coeur comme autant de larmes ou d’émeraudes, selon que je suis triste ou plein de joie. Je porte en moi les chagrins les plus secrets, les plus futiles de l’univers. Mais je sème aussi les lumières les plus pures dans les coeurs. En quête d’un amour que je suis seul à concevoir, je parcours le monde depuis des siècles en infatigable rêveur, trouvant la force de durer à travers les âmes pures. Ma jeunesse est intacte, préservée par des siècles de vertu.

    Mon souci n’est pas l’or, ni le temps, ni la mort qui effraie tant les hommes, mais l’amour, la beauté, la poésie. Aussi, je ne puis mourir : l’infini est mon compagnon de route. Loin de vos lois, je règne en souverain sur vos nuits, vos songes, l’imaginaire.

    Parfois on me tend la main sous la Lune : je prends la forme d’un paysage, d’un feu follet, d’une chandelle. Là, j’apparais dans mon ineffable vérité.

    Je poursuis ma route la tête dans les constellations à la rencontre des âmes pures.

    Je suis un fou d’amour, un spectre, une flamme traversant le temps, accroché à des incarnés. Je voyage d’âme en âme. L’être dont je possède le souffle aujourd’hui est l’auteur de ces lignes que vous êtes en train de lire.

    J’ai pris possession de lui et je prends la parole à travers sa plume.

    Mon nom est Pierrot.

    Paul Verlaine

  14. Très gentil à vous Raphaël, je pense que toutes ces propositions autour de la lune vont en intéresser plus d’un;-) En tout cas bienvenue ici !

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