sur terre ou sur mer
les hommes du minuscule
arche de lumière
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on land or sea
men of the tiny
ark of light
L'Oeil Ouvert : photo et poésie
Haïkus et calligrammes, rêverie sur le monde… le voyage imaginaire d'Ossiane
sur terre ou sur mer
les hommes du minuscule
arche de lumière
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on land or sea
men of the tiny
ark of light
Il y en a tout en haut
Et ceux du tout de bas
Mais seule la vue sait
Si l’oeil ouvert voit loin
On peut voir tout de haut
En étant si de bas
Ou ne rien voir du tout
En regardant de haut
coucou Ossiane.
ELLE EST IMPRESSIONNANTE CETTE MURAILLE D’ARCHE, une belle photo.
et cette immense aiguille semble la contempler, admirer le tant de poids
que la falaise supporte.
L’arche est immense. Cette photo m’angoisse un peu. L’aspect sombre de toute cette partie gauche m’empêche d’apprécier la lumière.
PS : je suis sujette (très malade) à toute forme de vertige d’où cette angoisse.
L’idée de la photo est tout de même intéressante.
Mémoire de la Terre
en strates empilées
lecture à ciel ouvert
Combien d’éclipses
contemplées sur cette arche?
combien encore?
murmure des niveaux
empilement régulier et strié
une jambe à la mer pour un bain de pied
qui donne l’échelle
pour en élévation
estimer le titan qui surplombe
Un N majuscule
qui dans la mer bascule
botte de sept lieues
Lumière océan
La pi E rre stratifiée
Lumière, N géant
L’Alliance ra T ifiée
Sanctuaire de dunes
L’âme est en pé R il
A chanté la mer
L’exil, l E voyage
Ô anges, bienvenus
Aux chérubins d’or
Radeau de l’humain
L’Arche a disparu
A l’aube, T on aurore,
Les lieux inconnus
Falaises de l’ A mont
Ou cœur de l’aval
C’est Chartres ou Talus
Que conte à l’é T al
L’Alliance de mes vers
D’eau douce et salée?
Menu emmental
mais avec un seul trou énorme
les souris se trémoussent
on montre sa frimousse
et pour les embarqués
il n’y a pas que les paquets
de mer et de course
personne ne jouerait sa bourse
à naviguer trop près
de peur d’être drossé
haut-fonds patentés
pas de quoi se brosser
mais il faut louvoyer
Eau scintillante de lumière,
Falaise striée de désespoir,
Ouverture béante sur la vie.
Barque humaine fragile,
Dans les méandres du possible,
Entre noirceur et bonheur,
Equilibre incertain…
Moussaillons, voici un passage maritime d’une nouvelle que j’ai écrite récemment.
En soixante six, après le décès de sa mère Gladys, Gerhardt devança l’appel et s’engagea dans la royale, bien sûr sans aucune ferveur patriotique. Ce n’était qu’une fuite qu’alimentait l’espoir de nouveaux horizons.
Mais de nouveaux horizons, le grand large n’en offrait guère. Toujours la même ligne de fuite qui s’estompait au gré de la visibilité fluctuante de la mer.
De son premier tour du monde, Gerhardt gardait des images de cartes postales et des bribes de souvenirs de pistes inavouables. A chaque escale les marins avaient envie de saillir. Un quartier de port persillé de bar malsains et d’hôtels borgnes comblait leurs requêtes. Ils trouvaient là un lot de femelles, toutes disposées à subir leurs assauts en contrepartie de la solde de leurs comptes. Les gros ports se ressemblaient tous. Une femme pour chaque porc.
Gerhardt, à l’instar de Sainte Marine, avait vite fait le deuil d’une sexualité (normale), c’était devenu une affaire très personnelle.
Gerhardt fut affecté à la cambuse. Il conduisait la patateuse. Une tâche de la plus haute importance sur le navire où l’on appréciait la prédominance de cette garniture quotidienne. Il gérait aussi le stock et la distribution des bananes. Une fonction stratégique qui lui garantissait bien des passe-droits. La banane était le remède ultime contre le mal de mer : le seul aliment qui passait aussi bien dans un sens que dans l’autre.
Gerhardt n’oublia pas le jour où leur bâtiment croisait dans les eaux glacées l’événement d’une aurore boréale. L’atmosphère devenait couleur. Il baignait ses mains dans un arc-en-ciel. Le créateur semblait tenir une palette diabolique capable de teinter chaque grain du vent. Gerhardt aurait pu joindre ses mains pour une prière au tout-puissant mais la ferveur religieuse était dissuadée dans l’éducation parentale. Le mousse n’amassait pas les prières. Pourtant il n’avait jamais vu ses mains comme ça, sauf plus tard dans le pacifique.
Dans le pacifique, Gerhardt quittait le vaisseau pour servir au mess des officiers qui encadraient le chantier top secret des installations nucléaires française sur l’atoll de Fangataufa.
Gerhardt mettait à profit cette opportunité pour leur mitonner un dîner qui rassemblait la quintessence de ses connaissances gastronomiques. Il servait en ouverture une spécialité de sa mère anglaise : des fayots sauce tomate sur toast de pain de mie. En résistance venait une création du melting pot familial : rosbeef bouilli sur son lit de kartoffels sauce à la menthe. Et sa touche personnelle clôturait ce festin : délice de singe en dessert.
Dès le lendemain, les rampouilles du génie lui adjoignaient l’aide d’un pécheur tahitien et d’un maçon martiniquais qu’ils prélevaient sur le chantier.
Manuiva, Alain-Parfait, étaient des gars pratiques. Ils maîtrisaient une cuisine simple et délicieuse. Manuiva marinait le poisson, abondant sur l’atoll, dans le jus de citron et le lait de coco, Alain-Parfait relevait le riz créole d’épices caribéennes. Gerhardt assurait une salade de fruits tropicaux. Un vouvray brut pétillait dans des verres festifs. Les ganaches galonnées se gavaient.
Gerhardt découvrait ses amis donnés de l’armée et l’art culinaire.
Le chantier terminé, il rembarquait avec une permission pour Papeete. Mais à quarante milles nautiques le bateau jetait l’ancre. Groupés sur le pont, les marins attendaient l’heure H, décomptaient les secondes. Gerhardt, paupières fermées, les mains sur les yeux suivait la consigne. Le rayon de la mort arriva en premier. Gerhardt garderait en mémoire la vision des os de ses mains qui s’imprimaient sur sa rétine malgré ses yeux clos. Une radiographie en direct live. Aussitôt un formidable souffle s’abattit sur lui, décoiffant, à faire se dresser sur la tête les cheveux de sa coupe incorpo. L’onde sonore suivait, terrible détonation que rien n’arrêtait sur l’océan. L’horrible champignon croissait à vue d’œil, il ne s’arrêterait qu’aux limites supérieures de l’atmosphère. Bien sur, il ne devait en parler à quiconque, S.D. : Secret Défense. L’armée non plus ne révélait pas ces bons coins à champignons.
A Papeete, Gerhardt refusait le collier de fleurs offert par les vahinés de l’office de tourisme. Il louait une auto. Il avait mission de porter le courrier de son ami Manuiva. Sa famille vivait dans un village côtier quelque part de l’autre coté de l’île…
Les feti de Manuiva l’accueillaient dans le fare comme un membre de la famille. Gerhardt libérait ses instinct de grand fauve, oubliait son âme de popaa. Il se revoyait dans les iles-sous-le-vent soulevant le paréo d’Hera, la sœur de Manuiva , sa nuit valait la chandelle.
Le missionnaire échouait à inculquer sa position aux autochtones, ceux-ci avaient beaucoup d’avance dans la pratique de l’amour du prochain.
La dernière encoche gravée sur la quille, il regagnait son nouveau fainua.
Au village, Manuiva et Gerhardt complétaient les ressources de la pêche par la vente de la nacre à un démarcheur chinois. Ils plongeaient alternativement en apnée depuis la pirogue, lestés par un poids qui entraînait la corde où s’accrochait le panier pour mettre les huîtres. Un jour, Gerhardt trouvait une perle noire dans un coquillage. Ça le décidait à pousser le bouchot un peu plus loin.
Bientôt, il tirait sur la corde où s’accrochaient ses premières huîtres perlières. La ferme s’étendait sur un mile au large de l’atoll d’un motu inhabité. L’achat d’une barge, la construction du wharf et d’un abri côtier mangeaient toutes leurs économies.
Hélas un cyclone rompit les amarres de l’embarcation. La barge avait terminé sa course folle sur la cime des cocotiers. Les deux perliculteurs abandonnaient la ferme, rapatriés par une alouette.
Peu après leur retour, Manuiva décédait d’une leucémie foudroyante. Aux funérailles, Gerhardt revoyait Alain-Parfait qui n’avait pas de futur, son dernier spermogramme ne montrait que des spermatozoïdes anormaux. Les bons soins du tahua faisait disparaître les nodules de Gerhardt, il évitait une thyroïdectomie. La nourriture iodée et la volonté de voir la naissance de son fils assuraient aussi sa guérison.
Sa vahiné s’était gonflée, Héra chaloupait un temps en paréo XXL avant de donner naissance à un bébé magnifique. Gerhardt envoya un faire-part à son père : Hans.
La nouvelle cueillait Hans alors qu’il gérait ses usines désormais délocalisées au Maroc et au Bangladesh. Le désir de revoir son fils et de connaître son petit-fils se fit impérieuse. Il vendit tous ses avoirs à un riche concurrent chinois et mûrit un projet pour conjurer le sort.
Le matin même, le banquier, visqueux comme une anguille à oreille du lac de Vaihiria, avait refusé à Gerhardt le crédit pour l’achat d’un nouveau bateau. Gerhardt pensait à ses milliers de perles inaccessibles qui paraient le cou de miti aux cordes des corps morts.
Il se sentait fiu en quittant cette chambre d’hôtel. Une semaine qu’il attendait en vain l’arrivée de son père. Hans l’avait prévenu depuis trois mois de son arrivée par la mer dans la semaine, sans préciser la date.
Il descendit le quai du commerce pour guetter les touristes qui débarquaient du dernier cargo. Hans n’était pas parmi eux.
Gerhardt, désabusé, poussa jusqu’au port des yachts. Sur le quai des multicoques : catamarans et trimarans vantaient les produits agro-industriels de sponsors métropolitains. Plus loin, des bonitiers côtoyaient les yachts dispendieux de la jet set de la plaisance. Au ponton des monocoques, ketchs et trois-mats rivalisaient d’élégance. Gerhardt avisait un vieux loup de mer à la chevelure fleur de sel qui assurait les drisses d’une goélette fine et racée où flottait le Gwenn ha Du. L’homme avait une démarche de tupa. Quand il releva la tête au son des pas sur le ponton, il lui jeta un regard d’opale aux mille feux.
– Gege, mein sohn !
– Iaorana père !
Ses yeux se mouillaient de larmes, mais en embrassant Hans, il eut le temps de lire les lettres d’or peintes à la proue : GLAD YS.
Notes : feti : parents ; le fare : l’ase polynésienne ; popaa : désigne le blanc ; fainua : foyer ; motu : îlot ; tahua : le sage, guérisseur et détenteur des secrets des anciens ; miti : la mer ; se sentait fiu : fatigué ; tupa : crabe de terre ; Gwenn Ha Du, drapeau breton ; iaorana : bonjour.
Une série qui me remplit le coeur tellement j’ai aimé me promener ado dans cet endroit …
Transcendantal
mais pas bâti par l’homme
déconstruit par le temps
pourquoi pointe cette dent
un pivot pour les yeux
un contrefort pour bouter à l’arc
un surplomb démoniaque
une grève en pente douce
qui rompt avec le vertical
qui cale le vert la haut
les cernes du temps
qui passent et alternent
Comme disait Dukan
« Être tas, ou pas »
L’Haïku majuscule…
Tôt ou tard être tas tous en bas
et dispersé au large par les flots bruissants
une manière de maigrir comme une autre 😉
Il y a des choses qu’on ne comprend pas.
Et moi j’admets ça.
Je ne vais pas alors
Lire et relire tout ce qu’a dit Platon ou Pythagore.
Je ne vais pas étudier les gènes ou le génome
Ou fouiller les archives d’Athène ou de Rome.
Marconi et Pasteur connaissaient les capteurs et émetteurs,
Mais que connaissaient-ils des âmes et des cœurs ?
Comment se fait-il
Qu’on aime une femme sans beaux yeux ni beaux cils ?
Ça restera sans réponse, mais ça n’arrêtera pas la connaissance.
Compatible ou non, c’est la langue des électrons !
La langue des cœurs c’est les roses et les fleurs.
C’est les larmes et les soupirs,
C’est l’amour et le désir.
La langue des cœurs
C’est ce qui lie les gens d’ici et d’ailleurs.
D’un seul clic, les gens de France
Du Japon ou de la Martinique,
Verront sur écran mon âme qui s’enflamme
Au fil des mots.
La langue des cœurs est plus pèrenne
Que toute la philosophie d’Athène.
La langue des cœurs rend la vision plus claire
Que le clair de terre.
La langue des cœurs transforme les femmes et les hommes
Qui n’ont pas de cœur !
Sédiments silencieusement enrochés
Graffes par delà les millénaires
Et la barque vole vers le sable sec..
Oh
de ci le si
de là le la
le haut
Om
…
de si haut
le cran
de le voir
à l’écran
…
du dessus
du dessous
l’arche
du grand large
…
croche
décroche
le silence
….
sédimentalement
c’est dit pas menteur
c’est dit élémentaire
et pourtant de là haut
bien plus de quarante siècles
nous contemplent
la nature est persévérance
et son ouvrage elle achève
même au bord des grèves
après la côte recule
sans s’effrayer
mais se crée dans la craie
plus qu’un trait qui efface
quand les glaces fondent
et que la mer remonte
elle démonte l’ouvrage
continument avec patience
La craie tassée et les creux qui jurent classiques
des chemins d’errance au bout de la péninsule
ou des veilleurs contemplaient la vague qui roule
des départs pour l’autre rive sans que déboule
l’envie furieuse de batailler avec les éléments
combien de conquérants se sont ici massés
de ces rivages qui dominent et donnent la même envie
que le temps ne gomme jamais puisque telle est la vie
aller à l’autre bout du monde connu explorer
alors une voie pour relier l’Amérique aux temps glacés
puis joindre les bancs de terre neuve
avant de rallier la pointe du Brésil au nom prédestiné
il y a là dans ces départs multiples qui émeuvent
la preuve que sauvage la côte est de celles qui meuvent
Dos à la mer
dans les effluves du large
on n’en mène pas large
pourchassé
il faut chasser les idées grises
continuer son entreprise
dénombrer les plis du temps
penser que la sapience
vient souvent avec la patience
compter et recompter
les acomptes du passé
ensilé mais pas d’albâtre
et puis la haut il y a le pâtre
en face il y a Douvres
et sa blancheur
qui rend le conteur
fébrile quand il essaie
de la mieux discerner
adieu les cernes et les couches
avec le vol des mouches
nous ne serons pas le coche
mais la porte est cochée
et c’est en ricochet
que rebondissent quelques rocs hochets
éléphantesque comme le profil
et cette trompe qui aspire
éléphantine comme une comptine
mais c’est histoire d’y voir
qu’on monte la haut
pachydermique puisque massif
mais la peau est encore bien costaude
L’ eau avait bu tout le soleil et scintillait de mille éclats . Monumental , l’éléphant s’était arrêté et regardait la mer,laissant les hommes minuscules s’installer sur son échine.
comme une roche soluble
la mer
ronge les marée
sous l’arche du vent
la vague sur les galets
fait des flaques d’océans
Jeu de pierres en équilibre
mystère caché de tout temps
Géant de nos enfances
Maman les petits bateaux….
la paroi raide s’élance immense
elle domine le domaine maritime
elle influe sur l’intime et modère
les désirs de grandeur à toute heure
rien pas même le temps qui n’altère
outre la bonne humeur l’embase
et sous les coups de pic répond l’à pic
pas question de boucher
les jointures au mastic
la perspective est donnée
de cet arc envoutant qui triomphe
en vain on cherche les éclats
mais les fourches caudines
annoncent les vaincus
on ne peut vivre reclus
et c’est un autre départ
Monumental l’isthme
qui se noue et s’allonge
à ce géant plus aplani que dressé
qui fait fort impression
on voudrait adresser
des suppliques ou des ovations
il ne tombera pas en morceaux
de sitôt cathédrale ou abbaye
ses pilastres ne figurent pas
sur notre cadastre
même sans ogive l’arc pas compassé
nous tend les bras à ramasser
dans cette anse comme corbeille
les fruits d’un mer remontée
pièces et mains d’oeuvre
il s’agit là d’un vrai chef d’oeuvre
sera t il jamais achevé
nous le contemplerons
ce temple du présent
parfois sur le reculoir
De
très loin
se met à battre l’ancienne confiance,
secousses
sourdes d’improbable poème.
Langage
tapi, et ses douceurs d’animal au terrier.
**
Stations
pour le souffle,
comme si le vide prenait du poids
sous l’arche des épaules.
On
mâche avec prudence l’amande du vertige ;
le
temps s’éboule, et le mot le plus pauvre
est un caillou qui tombe
Patricia Castex Menier, Chemin d’éveil, Cheyne Éditeur, 1988, p. 20 et 26.
Tout d’un bloc levé, falaise comme roc
et presque un cahier pas encore déchiré
des lignes qui s’empilent et se suivent
la pesanteur est telle qu’elle nous cale
l’estomac n’est pas un lèse monticule
il ne s’agit pas d’un vulgaire édicule
ce que les ans ont déposé lames à lames
de ces animaux marins dont les coquilles
n’ont pas pesé si ce n’est de s’agglomérer
et s’ils ont la force des calames art
c’est qu’ils sont articulées,
crustacés, lamellibranches et autres
et la fossilisation a fait le reste
Bienvenue Mathilde, ça fait plaisir de te voir ici
Un pan s’est détaché
C’est juste la vie qui passe
Quand elle accroche bien trop
Le reste tient son roc
Auquel se raccrocher
Aux racines profondes
Celles qui aiment aimer
D’un je t’aime en plein ciel
Ou sur un bord de terre
On se palpite sa vie
Dans cette portion de vie
Qui pépite les yeux
Aimer onde du bon
Qui fait du bien à soi
mince je souhaitais écrire sous Brouillard,
pas grave…