Mistral

Mistral

Ecrits sur du vent, les arbres calligraphes, pleins et déliés

Lecture du Haïku Calligramme: de gauche à droite

Ecrits sur du vent
les arbres calligraphes
pleins et déliés

Sur la rive de l’étang de Vaccarès…

43 réflexions sur « Mistral »

  1. Quand je lis Mistral, je pense à frédéric et à sa poésie
    et le vent du félibre nous vient encore au coeur
    qui nous souffle de la Provence l’éternelle grandeur

  2. Pensée pour Brassens:

    Si par Hazard,
    Sur le pont des Arts
    Tu croises le vent……….

    Bonne journée à tous.

  3. Tout cela est si beau Ossiane … tes dernières pages sont vraiment très belles en dessins d’encre…

    Arbres dans le vent
    Dans une mer d’encre bleue
    Âmes tourmentées

  4. Un poème déjà déposé dans « vent » :

    Deux-vents

    Souvent, je sens ta présence
    Sur mon cou, ta caresse
    Ta voix, ta bise, fait vaciller la flamme
    Fait vaciller mon âme
    Tu balances mes cheveux effleurant ma joue
    Tu apportes de nouveaux parfums, de rose et de jasmin
    ton souffle susurre des sons suspendus jusqu’au-delà des cimes

    Souvent, je sens ta présence
    Tu glisses, tu t’échappes, tu poursuis et pousse la légèreté
    Parfois une poussière, un grain de sable jusqu’à mes yeux
    Tu pousses les feuilles vers des lisières indécises
    Ou des poussières d’antan
    Au delà des frontières et du temps
    Tu effaces ou tu laisses des traces sur ton passage

    Souvent, je sens ta présence
    Tu soulèves les flots, mène les vagues vers des envolées lyriques
    Rythmant les battements de mon cœur
    Tu transformes tout ce qui est figé en mouvement dévoilant des formes inattendues
    Parfois, tu ondules et soulèves les jupes des femmes.
    Et que vole le voile, se dérobent les toiles, se dévoilent des dessous insoupçonnés
    Difficile de situer ta silhouette constamment décidée à se disperser, à s’enfuir

    Souvent, je sens ta présence
    A mon oreille tu murmures des mots tendres qui m’émerveillent
    Tu fais aussi claquer les volets au grand dam de sommeils étriqués
    Tu ravives les braises de souvenirs oubliés
    Le bruit des cordages sur les mats bat la cadence
    Et le rythme devient danse et que vole ta présence
    Tu me laisses, me lasses, me délaisses, ou m’enlaces frissonnante

    Souvent, je sens ta présence
    Tu t’infiltres dans les sillons les plus profonds
    Souvent à force de persévérances, tu crevasses des frontons à perte de vue
    Ou tu creuses des rides sur les falaises
    T’y enroules, te déroules au gré de tes élans
    Tu assèches les terres aux visages désormais désolés, esseulés
    Mon visage se plisse à force de sentir ton souffle glacé
    Pourtant, le silence signe ton absence suspendu dans mes songes et scande ma solitude

    A quand ta douceur et ton écoute ?
    Ton tiraillement entre deux mondes sépare et éloigne toujours plus loin
    Oui, l’aile du vent toujours s’en va
    En faisant bien des dégâts
    En créant bien des tourments.

    Mars 2009.

  5. Ils sont beaux tes mots, Nath….

    Une caresse tendre… la délicate respiration de la bise douce…des bulles de savon qui adoucissent la peau… l’âme respire ce tout dedans…du vent léger..

    Je suis désolée, Ossiane, je ne connais pas le mistral, alors cela m’est difficile de le ressentir, alors j’ai parlé de la bise douce…BELLE JOURNEE pour chacun.

  6. Par temps de mistral
    Le soleil est vainqueur
    Et le ciel reste bleu
    Mais l’ombre vacille
    Clair-obscur en continu
    Le vent se veut maître
    Le palmier au fond du jardin
    Agite ses longues feuilles
    Et les bambous plient
    Sous les coups de vent
    Rien n’est immobile
    Qui se trouve dehors
    Le mistral est arrivé
    Comme un taureau dans l’arène
    Menaçant et maître des lieux
    Volant au soleil
    La chaleur de ses rayons
    La promenade matinale
    Fut enivrante
    Atmosphère haute
    En teneur d’Oxygène.

  7. Je vais être banale et me sourcer chez Frédéric Mistral dans Miréo…poème provençal…sans la traduction…ou avec ? je vais voir…
    « En desfuiant vòsti jitello,
    Cantas, cantas, magnarello !
    Sus la branco ounte plouro éu pamens a voula :
    « La cregnès dounc bèn, la coutigo ?

    Allez je traduis :
    « En défeuillant vos rameaux,
    Chantez, chantez, magnarelles !
    Sur la branche où elle pleure, lui pourtant a volé.
    « Vous le craignez donc bien, le chatouillement ? »

  8. Une déclinaison du vent , au rythme des saisons :

    Vent d’hiver
    Dis-moi le langage des ours polaires
    et les craquements des glaces arctiques

    Vent de printemps
    Dis-moi ce que les pluies du large
    racontent aux vagues de l’océan

    Vent d’été
    Dis-moi ce que sait le soleil
    des sables du désert

    Vent d’automne
    Au long des longues plaines
    qu’as-tu appris
    que je ne sais encore ?

    Jacques Fournier .

    http://www.encres-vagabondes.com/

  9. C’est un coquin, le mistral, hein, Bourrache!

    Le mistral ce vaurien
    Il a tout envolé
    Mais pourtant bredouille
    Quelquepart
    Nos deux mains
    Sont restées ensemble
    Dans les plus vives envolées
    Et la tendresse d’elles
    Désarme ce souffle terrible
    C’est si bel la douceur se vivre

  10. Artiste: Renaud
    Chanson: Mistral Gagnant

    A m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
    Et regarder les gens tant qu’y en a
    Te parler du bon temps qu’est mort ou qui r’viendra
    En serrant dans ma main tes p’tits doigts
    Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
    Leur filer des coups d’ pieds pour de faux
    Et entendre ton rire qui lézarde les murs
    Qui sait surtout guérir mes blessures
    Te raconter un peu comment j’étais mino
    Les bonbecs fabuleux qu’on piquait chez l’ marchand
    Car-en-sac et Minto, caramel à un franc
    Et les mistrals gagnants

    A r’marcher sous la pluie cinq minutes avec toi
    Et regarder la vie tant qu’y en a
    Te raconter la Terre en te bouffant des yeux
    Te parler de ta mère un p’tit peu
    Et sauter dans les flaques pour la faire râler
    Bousiller nos godasses et s’ marrer
    Et entendre ton rire comme on entend la mer
    S’arrêter, r’partir en arrière
    Te raconter surtout les carambars d’antan et les cocos bohères
    Et les vrais roudoudous qui nous coupaient les lèvres
    Et nous niquaient les dents
    Et les mistrals gagnants

    A m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
    Et regarder le soleil qui s’en va
    Te parler du bon temps qu’est mort et je m’en fou
    Te dire que les méchants c’est pas nous
    Que si moi je suis barge, ce n’est que de tes yeux
    Car ils ont l’avantage d’être deux
    Et entendre ton rire s’envoler aussi haut
    Que s’envolent les cris des oiseaux
    Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie
    Et l’aimer même si le temps est assassin
    Et emporte avec lui les rires des enfants
    Et les mistrals gagnants
    Et les mistrals gagnants
    Paroles Mania

  11. Bonjour ! C’est la découverte de ton blog qui m’a donné l’envie de créer le mien (nouveau-né) donc je te rends ce petit hommage :

    L’arbre
    Dans l’air diaphane
    En vain s’élance

  12. Le meilleur calligraphe n’est pas celui qui ne se trompe jamais, mais celui dont les ratures conservent un peu de sens et un reste de beauté.
    [Pablo de Santis] Extrait de Le Calligraphe de Voltaire

    Il ne faut, à aucun prix, renoncer à l’écriture, ne serait-ce que parce que dans toutes les grandes civilisations l’écriture est liée à la calligraphie, c’est-à-dire à la beauté.
    [René Etiemble] Extrait d’un Entretien avec Jacques Chancel – Décembre 1976

    Et pour voyager en calligraphie :
    http://assoc.pagespro-orange.fr/hassan.massoudy/galerie.htm

  13. Le mistral n’est pas toujours ce vent vilain, craint de tous, cruel en hiver il devient un ami en été lorsqu’il vient tempérer les journées trop chaudes, et chasser les microbes comme se plaisent à dire les méridionaux, hélas il fait peur, terriblement peur quand le sol est trop sec et que quelque imprudence fait de lui le plus terrible propagateur du feu. C’est un véritable fléau du ciel. Nous devons redoubler de vigilance les jours de mistral.
    ________

    Ton souffle sur ma peau
    Comme une caresse légère
    Douce sensation
    _____
    Merci Nath pour le lien sur la calligraphie, je pars après demain et passe en Ardèche, peut-être pourrai-je faire un détour et une halte au château de Voguë pour y voir l’exposition sur la calligraphie contemporaine !
    Tout à fait d’accord avec la citation de René Etiemble, j’ai beaucoup travaillé sur la beauté des lettres, des signes en général, (pictogrammes, hiéroglyphes , symboles et marques) plaisir sans limite et beau en plusieurs domaines, les enfants en cet art sont très doués.

  14. Tourmenté et dru, pas affalé
    le tourmentin en écru
    presque continu et dense
    battant une infernale cadence
    vivifiant et lassant
    fortifiant pas relaxant
    de tourments porteur
    de changements acteur
    quand il s’engoufre
    et bien établi
    secoue et sent le soufre

    merci sylvaine de ce souffle de provencal
    bienvenu et chantant

  15. carnets du passage
    pages envollées
    jamais je n’ai osé
    tirer les volets
    le vent sur les images
    Mistral
    violent
    pas de fuite
    pas chassés
    pas croisés
    le vent sur mon carnet
    donne à l’encre
    un courant d’air frais
    dans les soleils de l’été…

  16. merci Nath, pour ces liens,
    mais en cliquant dessus comme indiqué, je n’y arrive pas, peut être un truc m’échappe…
    BONNE JOURNEE.

  17. Le vent est tombé ou l’énergie aussi
    pas déliés de nos serments
    nous voyons les sarments
    qui s’accrochent et s’entichent
    c’est le reflux estival
    un compte à rebours

    Bonne soirée Ossiane et à bientôt
    salut à l’équipage réduit mais vaillant 😉

  18. coucou Thierry, t’es pas seul, m’vlà,
    mais une journée en matin à profiter de l’été, et l’après midi en RV big important pour l’avenir de mon fils….
    alors….

    Le mistral souffle sur sa peau
    A cet arbre plus tout jeune
    Qui se cramponne en sourires
    Ecorce ridée par les baisers
    De ce vent fort soufflant si hard
    Que ses branches s’en souviennent
    Ce soir paisible il est assis
    L’arbre se pend une belle pause
    Le mistral c’est vilain d’hier
    A présent c’est la tendre bise

    bises l’équipage, et le capitaine!

  19. Annick pour les liens, moi ça marche …Peut-être peux-tu essayer de les copier et les coller pour y accéder ?
    Bonne soirée

  20. .

    Coucou à tous, presque tous;-)

    Equipage restreint… peut-être un peu… mais c’est le temps des vacances, des migrations et du bon air réel et pas virtuel, c’est un peu normal, Annick et Thierry 😉 Quelle vaillance en tout cas, dans votre présence, je vous remercie 😉

    >Brigitte, toujours là au rendez-vous, tu sais ce que signifie le mistral, merci à toi 😉

    >thierry, j’ai pensé à Frédéric aussi, c’était un petit clin d’œil en fait 😉 Ne te laisse pas emporter comme un fêtu de paille, bien à toi 😉

    >JoS, toujours là aussi et en chanson;-)

    >pierre, je les aime aussi ces arbres dessinés par le vent, si frêles, si expressifs 😉 Tes mots sont à l’avenant, merci, il ne peut en être autrement sur un tel sujet 😉

    >Maria, notes un peu mélancoliques et hivernales mais je me sens bien là dedans en ce moment, histoire de faire le contraire de tout le monde;-) Merci pour ton bel haïku et le beau poème de JJ Dorio, bises vers toi.

    >Sophie,passagère toujours le pont en justesse et beauté de mots, c’est très beau, merci beaucoup.

    >Nath, tu fais bien de le déposer à nouveau ici ce très beau poème ; il pourrait être récité aussi celui-là, beaucoup de choses à faire avec la voix…
    Je n’arrive pas à voir les vidéos….

    >Annick, tu n’as pas à être désolée du tout… je souhiate que chacun sente libre d’écrire ou pas, tu comprends 😉 Ce n’est pas grave, fais comme il te plait si tu ne sens pas le vent ou le mistral ou même le petit filet de vent tout chaud qui frôle ta chevelure;-)

    >Bonsoir Jean-Jacques, merci d’être venu souffler les mots de votre beau poème pour nous emporter 😉 Amitiés.

    >monique qui connait le mistral par cœur ;-), je t’imagine dans ton jardin… soit on se laisse happer soit on reste reclus 😉 Moi je l’ai apprécié quand il faisait si chaud 😉 Bon voyage, à bientôt !

    >Coucou Sylvaine, tu connais toutes les langues, on dirait 😉 Merci pour le poème pas si banal que cela 😉

    >Mathilde, il écrit bien Jacques Fournie et je note que vous l’aimez particulièrement 😉 Merci pour ces poèmes toujours bien choisis.

    >Petit coucou vers toi Bourrache 😉

    >Bonsoir Pascal 😉 Oui c’est bien vu, belle fusion des éléments et des hommes, merci pour la beauté de ta plume.

    >Bonsoir et bienvenue Tricoteuse 😉 Très honorée de ce lancement réussi apparemment grâce à L’Oeil;-) Merci pour ton bel haïku et bonne continuation 😉

    >Welcome back Aspe, je vois que tu as remonté les trois dernières notes en beauté, en souplesse, en finesse;-) C’est superbe, on frissonne !
    https://blog.ossiane.photo/2009/07/03/accent-grave/#comments
    https://blog.ossiane.photo/2009/07/06/heron-blanc/#comments

    >Christine, tu me fais rire 😉

    Et maintenant qui a osé dire qu’il n’y avait pas grand monde sur le blog ?
    Je compte 17 intervenants différents, ce n’est pas si mal, non 😉
    A prendre avec le sourire bien sûr;-)

    Bises de bonne nuit sans vent et avec des étoiles

    Ossiane

  21. Merci Nath, en copié collé cela marche, il fallait y penser, sourire!
    Je me suis pouffée hier soir, Christineeeeee, je l’ai écrit, et youps, mon comment parti…alors je le réécris ce matin.
    Bonne journée pour chacun!

    Ossiane, à la fois, j’aime profiter de l’été en marches dehors,
    et à la fois comme elles me manquent mes marches en pages d’écritures que j’aime….BISES. Alors je tente l’équilibre avec moins d’écritures, lectures, mais cela me manque quand même.

  22. Merci de vos remarques, Olivier, vous êtes le bienvenu;-)
    « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois. »
    Tout à fait, Olivier Signé Roland Barthes;-)

  23. Monsieur l’ Hiver, le malvenu

    Monsieur l’ hiver tu es le malvenu,
    car tu nous glaces et tu nous mords,
    par tes froidures, à nous blessantes
    qui nous tiennent clos et transis.
    Du bel et souriant été,
    du mol et velouté automne,
    tu succèdes avec amertume
    emportant feuilles, fruits et plaisirs.

    Monsieur l’ hiver tu es le malvenu,
    car tu nous ploies et tu nous glaces,
    sous tes neiges et tes frimas
    qui nous tiennent en dehors des rues.
    La nuit noire est ta compagne
    et le vent glacial ton ami.
    Tu nous saisis dès le lever
    Dès que nous perçons de nos couettes

    Monsieur l’ hiver tu es le malvenu,
    Car de l’obscurité amie,
    tu tisses un voile de froidure
    et nous prives de la lumière.
    et de ses caresses dorées.
    Hiver jamais ne te pardonne
    la cruauté de tes effets
    sur toutes les vies que tu figes.

    Paul San Roccu ( Arrighi ) – Toulouse, hiver 2008.

  24. Brassée de Poésie sur l’été Corse 2009

    12/10/2009

    Elégie à la « Sposata »

    Comme un cheval fougueux
    Tu chevauches les pierres
    De ta montagne de granit.
    Tu domines le « Liamone »
    Et portes jusqu’à l’horizon
    Cette grandeur altière
    Qui est ton sceau de chevalier.
    La mariée ingrate
    Ayant laissé sa mère, sans un regard
    Fut transformée ici
    En monture de pierre.
    Mais par sa révolte, toujours indomptée
    Elle continue d’harnacher, la nuit,
    Les chimères de feu de son rêve de fuite.
    Oh, montagnes sacrées
    Témoins de tant d’effrois
    Et de tant d’invasions,
    D’où les conques soufflaient
    Leurs cris stridents de guerre
    Pour porter loin l’alarme
    Quand l’aigle voyait les chèvres dévaler
    Oh, montagnes sacrées
    Qui virent tant d’étés
    Enflammer l’horizon
    Et calciner les pins
    Ou l’eau glacée des sources
    N’apaise pas les soifs de pureté
    Et ou les merles et les geais
    Tiennent commun concert.

    Paul San-Roccu ( Arrighi)
    Corse – Létia – août 2009.

    Poéme sur le café de Vicu

    Oh café de Vicu
    Tilleuls et marronniers
    Aux ombrages si frais
    Apaisant les cieux lourds
    Et les chaleurs de plomb.

    Un chat à la queue courbe
    Vient chercher les caresses
    Que des femmes distraites
    par des hommes ombrageux
    Distraitement lui donne.

    Un tempo de langueur
    Violone tes douceurs ;
    et la « Serena » fraîche
    fait plus que rafraichir
    notre quête de soif.

    Oh café de Vicu
    Tu sais nous préserver
    Des vains emballements,
    Des fureurs dérisoires
    Propres à nous gâcher
    Le songe de nos vies.

    Paul San-Roccu

  25. Bonsoir et bienvenue Pau! Un grand merci pour ces trois beaux poèmes à partager avec d’autres poètes de ces lieux. Je vous invite à revenir parmi nous. Bien amicalement!

  26. Devinettes sur notre village d’hier et d’aujourd’hui en Corse

    par Paul Arrighi

    (Photographie de «notre village dans l’île Corse»,
    prise au levant par Ludovic Freppaz- Rossi)

    Je ne nommerais pas le village de Corse d’où est issue ma famille paternelle, mais je vous donnerais, en guise de sésame, avec ces deux photos prises au levant et au couchant, quelques indications pour que vous puissiez retisser le « fil du Minotaure» qui mène à la sortie de tout labyrinthe et tient l’Esprit en éveil. Trois particularités le caractérisent; sa hauteur, sa luminosité et son éloignement. Ces trois propriétés ne sont point seulement géographiques mais font bénéficier ce lieu de ces trois vertus: le regard méditatif, la finesse d’esprit et le sens de la solidarité.* Son altitude, s’étage entre 650 et 750 mètres et se drape dans une vêture de châtaigniers. L’eau y coule, rafraîchissante, provenant de quelques sources et ruisseaux. Ici, grâce à cette eau et à la densité des arbres, le vert et la fraîcheur persistent, au moins jusqu’à la mi-août, les années où le surcroit de soleil et de chaleur ne font pas rougeoier, plus tôt, le maquis et les feuilles. Ses atours se parent des chatoiements de doré et du roux des feuillages brulés. Le mélange des verts laisse alors la place aux couleurs de renard roux et le maquis se transforme en tapis de couleurs, pour fêtes automnales, alors que les sangliers courent et fuient dans les bois.En été, la fraîcheur préservée, alors même que le soleil flamboie et brûle est un vrai bienfait pour l’Ajaccien qui quitte son labeur ou pour celle ou celui qui vient de plus loin retrouver ses racines, en quête de repos et souvent de paix de l’esprit. Cette fraîcheur permet d’éviter la torpeur qui paralyse les corps et les projets. L’altitude favorise la vivacité des corps, de l’esprit et échauffe parfois les propos, comme le chaud alcool de myrtes.* De son altitude, découle la propension de ses habitants à voir les êtres et les choses avec hauteur et leur goût de contempler les cieux et les constellations. Rappelons-nous que les astronomes et philosophes grecs commencèrent à scruter les étoiles et aiguiser leurs premiers «concepts» à partir, des hauteurs marines, du surplomb des rochers, avant même de disposer des outils efficaces pour l’astronomie. C’est à partir de points d’observations analogues et d’un même ciel étoilé que bergers, marins et montagnards, apprirent à scruter les mêmes immensités étoilées et à philosopher sans souvent connaître les réservoirs de savoir des bibliothèques. Ils y trouvèrent aussi des fils d’interprétation pour mieux apprivoiser les joies et les souffrances des hommes. En effet, n’est-il pas à portée des hommes les plus simples que d’éprouver les sentiments de la grandeur et du sacré de l’être, parcelle d’un univers qui nous échappe encore et pour longtemps encore ?Du haut des rochers de granits escarpés ou des châtaigniers mystérieux, il n’est pas de grandeur autre que celle de l’esprit humain, de la nature et du grand mystère de l’Univers. Aussi ne m’étonnerait-il point que notre village ne se fut avéré propice au culte de quelque très ancienne religion solaire.
    * La luminosité est la seconde caractéristique de notre village, situé face aux pics qui déchiquettent l’horizon, surplombé par la «Sposata», femme fugitive restée pétrifiée sur son «cheval de pierre». En effet, ici, la vue est presque transparente et porte haut et loin. Lumineuse dans son intensité, la vue, du haut des pics et des cimes présentait l’avantage de voir approcher les vagues successives d’envahisseurs et de se réfugier, si l’on ne pouvait envisager de lutter ou de vaincre, au cœur des forêts et de la «macchia» protectrices. En bas de la montagne, le «Liamone» serpente. Ce torrent tumultueux paraît si étroit et semble un simple fil d’eau, vu d’en haut. Toutefois, il a paru bien redoutable aux anciens, qui se souviennent de ses crues, funestes aux imprudents noyés. Ils l’avaient nommé « Fiume Grossu». Plus haut encore, planent les rares aigles et autres oiseaux de proie, surveillant leur domaine de pics et de montagnes et narguant les renards qui rôdent autours des bergeries. C’est cette transparence de l’air qui favorise l’acuité du regard et paraît donner une incitation, comme l’éclair de deux silex frottés, à la perspicacité et à l’acuité de la pensée. C’est aussi, peut être grâce à cette luminosité et à cette transparence que les peuples de la montagne sont, plus que d’autres, libres et indomptables. Nulle vérité révélée, nulle imposture idéelle ne saurait durablement altérer durablement la justesse de leur goût profond pour la liberté. Une opinion, un jugement se fondent ici, autant sur la contemplation du ciel étoilé et de la marche des astres, véritable école de sagesse et de philosophie pratique, que sur les opinions et les mots trompeurs des doctes, des habiles et des rhéteurs.
    * La troisième caractéristique de notre village de pierres, est curieusement l’éloignement. Pourtant, il n’est situé qu’à vingt-cinq, peut être trente kilomètres de la mer et à moins de soixante d’Ajacciu. Cependant un univers paraît séparer les modes de vie et les rythmes de vie qui se sont emparés des villes. Ici, nous pouvons renouer avec la continuité de la chaîne des temps et des familles soudées face au défilement des saisons et à l’expression de besoins vitaux. Aux cris des coqs qui ouvrent tôt la journée succèdent, le soir, les aboiements plaintifs des chiens qu’apeure la nuit qui tombe et qui se mettent à hurler à la lune. La seule fissure, dans cet éloignement plus temporel que géographique, dans cette distance gardée face aux «folies du Monde» qui s’agite et tournoie, est constituée par les téléviseurs, leurs antennes satellites ainsi que par l’arrivée des voitures lors des fêtes et des vacances d’été qui rompt une apparente immobilité. L’autre fracture dans cette continuité du fil des «travaux et des jours» est apportée par le téléphone et désormais le téléphone portable dont la réception s’améliore après avoir été bien précaire et seulement audible à la croix du «calvaire», qui vit tant d’amoureux et de promeneurs de s’y rendre et quelquefois lorsque la chance leur riait, de s’y aimer. Sans ces trois brèches, les communications entre les univers distincts seraient plus que rares et feraient apparaître l’entité de notre village et le monde des villes comme deux planètes séparées dont, malheureusement, la plus sage et la plus durable des deux s’étiole, hors l’été, faute de l’aptitude de l’homme contemporain, ce «nomade stressé», à supporter le poids d’une solitude qui le contraindrait à un examen de conscience, à l’impitoyable jeu du miroir et à la pratique ritualisée d’une sagesse immémoriale, qui demeure finalement perdue par nos contemporains, plus souvent, en quête de paraître que d’être .Aussi, cet éloignement métaphysique, que notre village peut maintenir, comme instinctivement, face à la course épuisante et sans fin de la civilisation urbaine, s’élargit en qualité morale des êtres.n’est pas seulement une distance de protection, un «refuge moral» qui est conservés face à la «ville-aimant». C’est aussi un autre «tempo» d’une très ancienne civilisation où les valeurs actives de la solidarité pouvaient s’exprimer sans ostentation parce qu’elles étaient, tout simplement, vitales et procédaient d’un sentiment profond de commune parenté devant les bonheurs et les malheurs. Notre village, luit encore comme un fanal, mais pour combien de temps encore, une communauté soudée par la fragilité des femmes et des hommes face à l’immobilité hiératique du granit et les colères furieuses des saisons. C’était pour lui, comme dans chaque «piève», une démocratie mêlée de proximité et de simplicité. C’était aussi le Monde que connurent Homère et Ulysse, le cœur d’un «monde Méditerranéen» avec ses valeurs longuement mûries par une histoire tumultueuse, faite d’honneur, de grandeur et du sentiment tragique de la vie.
    Paul Arrighi. Mars 2010

    Écrit dans la maison familiale de la «Casalonga» dans notre village dont, chers visiteurs, vous aurez peut être, s’il vous plaît, et en avez la curiosité de chercher le nom et d’y séjourner en respectant ses habitants. Ce texte pleinement ressenti est dédié à mon père André, Poète Corse tout particulièrement de ces lieux baignés de magie et de soleil.

  27. Je cherchais un Haïku et suis tombée en 1er sur votre blog : SUPERBE ! les photos , les textes , c’était un hasard bienvenu ! merci

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