Mélancolie

Un Baiser Vermeil sur les Tiges en Eveil, les Coeurs en Sommeil.

Un Baiser Vermeil sur les Tiges en Eveil, les Coeurs en Sommeil.

* Lecture du Haïku Calligramme: Oblique, verticales gauche droite, coeurs bas haut.

Un Baiser Vermeil
Sur les Tiges en Eveil,
Les Coeurs en Sommeil.

* Photo de Prêle aquatique ou Equisetum fluviatile qui pousse dans l’eau et peut atteindre 1,50m de haut

37 réflexions sur « Mélancolie »

  1. Douceur, caresses, j’ai envie de faire des ronds avec mon index pour troubler cette eau si lisse. Magnifique… on dirait une peinture ! 😉 bises et douce nuit…

  2. La surface de l’eau a ceci de magique qu’elle n’a pas d’épaisseur et pourtant contient le reflet du monde.
    Qu’est-ce qui est le plus troublant ? La réalité ou bien son reflet ? La vérité ou l’illusion de la vérité ?
    Réflexion nocturne (voire caverneuse à la Platon) après une soirée de labeur…
    La bonne nuit à toi Ossiane.

  3. >>uu tu devrais aller voir « guess who « sur la question realité/reflet
    >>heureux de te voir éveillé même si comme Tchouang Tseu tu ne sais plus si tu étais un papillon rêvant qu’il était uu ou uu revant qu’il était un papillon dans la photo d’ossiane :>))

  4. Ciel dans l’eau qui dort,
    Prêles et nénuphars.
    Apaisement du soir.

    Ambiguité réel – image du réel. Magie permanente des éléments eau et air. Photo magique.
    Douce nuit à tous.

  5. Ossiane, comment faire pour ne pas se répéter chaque jour face à ton oeuvre ?
    Dire ce soir le mot wonderful !

    Je rejoins UU pour les reflets et j’entends la grenouille lui dire « quoi quoi quoi  » le reflet n’est qu’un film transparent où l’oeil démultiplie les visions… Où tous les possibles se mélangent, c’est un peu comme dans les rêves où la logique n’est plus. C’est un enfant qui déclare regarder le ciel alors que ses yeux sont plongés dans l’eau, les adultes soupirent en disant « quelle imagination », mais pourtant l’enfant n’imaginait rien, il ne faisait que regarder. Les adultes étaient conditionnés par ce qu’on doit voir dans l’eau, la réalité n’était plus leur vision des yeux mais celle de leurs suggestions de savoirs…
    On dit souvent que le poète est fou de voir ce que les autres ne voient pas… Je crois au contraire qu’il est celui dont le regard a su rester vierge.
    Quel adulte non poète dira par exemple qu’il a vu le nuage dans l’eau ? Sa logique, sa connaissance l’obligent à penser immédiatement que c’est un reflet. L’enfant qui ignore le reflet affirmera qu’il a vu un nuage dans l’eau. Le poète oubliera les logiques pour voir les nuages dans l’eau, ça ne veut pas dire qu’il a un regard d’enfant, il a brisé ou traversé l’idée du miroir. La poésie est le monde des possibles…
    Mais je reviens à la photo d’Ossiane… Qu’on pourrait croire aquarelle…

    Après les herbes dont la lumière léchait leurs pointe sèches, voici l’eau où nous ressourcer, voici les coeurs à la trace du soleil resté… Ils vont tranquillement finir leur histoire, là où les étoiles ne meurent jamais. Les tiges en éveil leur souffleront le bonheur du baiser vermeil qui caressera leur renaissance… La mélancolie est utile au temps qui prépare la joie…

    ——————————————————————–

    Eté achevé
    Baiser suppliant l’automne
    Coeurs jetés à l’eau

    Catherine

  6. LE REVE DE TCHOUANG TSEU
    ————————

    Les guerres entre les royaumes
    Font rage
    L’empire de SHI HUANGDI
    Se bâtit dans les larmes et le sang
    Pourtant
    Assis tranquile au bord de l’eau
    De la rivière P’ou
    Le maître du TAO
    Tchouang Tseu
    Prépare ses fins pinceaux
    Et son encre noire
    (il médite)
    Il voudrait peindre un tableau
    Saisir d’un trait
    Le moment fugitif
    L’impermanence des choses
    Et leur resonnance en son âme
    Tristesse trouble émoi sagesse
    (il médite)
    Que son tableau soit le reflet
    De toutes les beautés qu’il voit
    Comme dans l’eau se reflètent
    (il médite)
    Les tiges rugueuses des prêles
    Aux bruns capuchons
    Les lames effilées des feuilles de roseau
    Les joncs fleuris
    les grenouillettes
    (il rit)
    qui se voudraient des nénuphars
    (il rit)
    De délicates teintes roses et bleus
    Ajoutent à la pureté de sa vision
    (il soupire)
    Un papillon soudain
    Se pose
    Les ailes tremblantes
    Irisées de lumière
    (il rêve)
    Un instant ou une éternité après
    Il s’éveille
    (il songe)
    Ai je rêvé d’être un papillon
    Ou le papillon a t’il rêvé
    Etre Tchouang Tseu ?
    Il sourit
    Prend ses pinceaux
    Et avec peu de gestes
    Mais fluides rapides surs
    Il compose un merveilleux tableau
    Il signe
    Et trace les idéogrammmes de son titre:
    MELANCOLIE
    ———————–
    On peut voir ce tableau
    (exposition gratuite et permanente)
    A « l’oeil ouvert »
    chez Ossiane
    descendante d’une favorite du roi de TCH’OU
    ———————-

    >>Grenouillettes : plantes aquatiques ressemblant à un nénuphar.

    ————-
    PS/ citation extraite de l’oeuvre de Tchouang Tseu:

    « fuyante et incorporelle ,la réalité change incessamment et ne comporte rien de stable.
    Est-on mort? est-on vivant?
    Le ciel et la terre ne sont-ils qu’un ? Les esprits et les intelligences supérieures ,où s’en vont-ils?où va t’on aveuglement?où arrive t’on brusquement? »

  7. Remarque sur ce contre-jour et son sujet: les espèces de prêles de nos régions n’atteignent pas cette hauteur; seules certaines espèces de Nouvelle-Zélande le font. Ce sont des végétaux très anciens proches des fougères qui ne poussent que dans les milieux humides, à proximité de l’eau. J’espère que ces précisions ne troubleront pas les méditations à venir. Amitiés.

  8. De Marseille…sur lécran de QUITTER LE MONDE…..
    Création pour une orfèvre de la photographie :
    Délicates perles d’air sur la peau soyeuse et douce du lac, rehaussée d’ambre claire et d’éperons d’émeraude….

  9. Si une jeune femme m’embrasse mon coeur ne sera pas en sommeil !!

    Michel, quel talent !! d’où tenez-vous toute cette culture surtout asiatique qui m’attire beaucoup ? si vous passez, écrivez moi, merci !!

    Excuse Ossiane de cette aparté.
    Catherine a raison, comment imagines-tu un haïku ou calligramme chaque jour ?
    Bises studieuses,
    OLIVIER

  10. Une histoire dont la fin serait le début,
    Un tableau qui se contemple dans tous les sens,
    Une musique imprégnée de longs silences,
    L’eau vivifiante berceau d’un ciel fourbu…

    Une sculpture libre de dame nature
    Que les poètes voient comme un vivier de songes,
    Les possibles où tous les chemins se prolongent,
    Et l’indispensable lueur des clair-obscurs…

    En bord d’étang, les poètes mélancoliques
    Viennent lancer leur coeur perlé de larmes rouges
    Vers les vagues secrètes où les nuages bougent,
    Où silence des yeux entend autre musique…

    Les prêles deviendront les perches du regard
    Où le poète accordera les mots nouveaux
    À changer les larmes rouges en renouveau
    Que le vermeil baiser des tiges dit espoir…

    Le tableau à l’envers montre d’autres chemins ;
    Il faut passer de l’autre côté de l’étang
    Pour voir les rubis devenus des diamants
    Qu’emmènent les prêles illuminer demain…

    Catherine

  11. entre deux docs… un petit bonjour en passant…
    Ossiane, tu nous avais préparés, avec la photo d’hier, au passage des herbes
    folles à quelque chose de moins « chevelu »…
    c’est reposant, ces incrustations sur l’eau lisse !
    bonne journée à vous

  12. un haîku:

    Assis au bord de l’eau,je rêve,
    Un papillon se pose
    Qui suis-je ?
    —————-
    >>Olivier: »l’habit ne fait pas le moine »
    c’est pas zen mais enfin!
    Je ne suis pas aussi savant que tu le crois,
    je n’ai rien d’un sinologue averti ou d’un maître es sagesse orientale.
    désolé de te décevoir mais en quelques clics
    n’importe qui aujourd’hui peut en savoir autant que moi (sinon plus) en effet comme hier à la samaritaine on trouve tout sur le web.
    Je suis sur qu’en ce qui concerne ta passion tu en sais beaucoup plus que moi et que celui des deux qui doit apprendre de l’autre à coup sur c’est bien moi.
    L’important est le plaisir que chacun de nous trouve à visiter le blog d’Ossiane sans qu’aucune espèce de préséance vienne parasiter ce moment magique à chacun son « je » ou son « jeu »ou les deux « je/jeu » en définitive nous attendons tous qu’Ossiane nous cueille l’un après l’autre et nous parle avec la même douceur que celle avec laquelle elle doit parler aux fleurs de son jardin.
    Je me trompe ?

  13. NEs de la pluie
    NUages posés sur l’eau
    PHARe éphémère

    Phanères fines
    REsurgences de terre
    LEzarde des eaux

  14. Vraiement sympa cette photo.. Sobre, bien articule, hamonieux…
    Quand vas-tu arreter de surprendre?

    amichel> Tres beau poeme sur la photo de rouge… J´ay ai repondu chez Ossiane et chez moi..

    Bien humbles saluts Mexicains…

  15. Mélancolie?
    Pas tant que ça.
    Plutôt des lignes de vie, des destins qui se croisent, des coeurs paisibles, des forces vives.
    Un jeu avec le paysage, très bien composé.
    Mille merci Ossiane, je reçois ceci comme une offrande précieuse, presqu’une amulette pour demain.

  16. De retour ici, après une journée bretonne…

    amichel>> Merci pour ton clin d’oeil sinisant. ;o) J’avais également vu les reflets chez Ghess Who… En tout cas, pour quelqu’un qui paraît ne pas s’y connaître, tu te débrouilles merveilleusement bien !

    Catherine>> Nos regards se sont littéralement croisés dans ce reflet, je présume… ;o)

    Aurélie>> Non non… Inversons l’ordre de l’UUnivers. Tous les chemins mènent à Aurélie… ;o)

  17. Vous avez eu des problèmes pour poster et moi avec. C’est pourquoi je viens livrer mes impressions bien tardivement. Ce sera peut-être un peu plus court.

    >Leslie: Miroir sans ride. Une envie de le briser. Si c’est pour en faire une peinture, je suis d’accord;-)

    >UU: Dis donc, tu es drôlement en forme après les dures journées de labeur. Ca vous intrigue ce manque de reflets. Pourtant, je les vois en haut de la photo; des esquisses de nuages laiteux. J’explique; j’ai pris la photo avant-hier par un temps très couvert et un ciel gris sans beaucoup de nuages d’où cette impression d’eau immaculée. Et toi UU, qu’est-ce qui te trouble le plus? Moi, j’aime bien les reflets.

    >Patrice: Même interrogation. Sans reflet, on ne perçoit pas l’eau et pourtant ces petites bulles sont les seuls indices. Il m’arrive d’être mélancolique mais sans être malade des poumons 😉

    >Annie-Claude: Là je te sens nettement plus à l’aise et dans ton élément. Il est très joli ton haïku. Merci.

    >Catherine: Tu parles très bien de ces reflets et je me sens proche de ce que tu dis. Un reflet est auusi riche qu’un ciel avec des nuages.
    Aquarelle rime avec eau. Merci ça me fait plaisir.
    Le sentiment de mélancolie est un joli mot qui n’est pas négatif selon moi. Tu as raison, il fait partie de l’alternance des sentiments joyeux ou tristes qui rythment notre vie. La vie serait monotone et pauvre si l’on éprouvait en permanence des sentiments de félicité. Sympa ce que tu as fait avec le baiser et les coeurs. Merci beaucoup.

    >Michel: Il est vraiment superbe le tableau que tu as peint à la surface de l’eau. Très belle méditation pour exprimer ce que Tchouang Tseu ressent au fond de lui ou de ce qu’il voit. C’est finalement le rêve qui lui dicte sa démarche de création. La favorite du roi de Tchou te félicite chaleureusement pour ce très beau rêve;-)

    >Pierre (2): Tu sembles auusi un peu perturbé par ce manque de reflets. Si le ciel se refète très légèrement en haut, il y a bien un reflet des tiges mais il se confond avec les vraies tiges. Merci ton haïku un peu mélancolique 🙂 Tu as bien fait de donner les précisions de hauteur sur ces prêles.

    >MTO: Tu parles de la dernière photo bleue de Quitter le Temps qui est un reflet peut-être? Pour une scientifique, tu as des talents de poète.;-) J’aime la peau soyeuse de ce lac. Merci beaucoup.

    >Olivier: Je me doute bien;-) Pour essayer de répondre à ta question, je fais une note par jour (minimum 1h 30 de temps). Je n’en ai aucune d’avance sauf une réflexion dans ma tête sur l’agencement de ces notes et un petit stock de photos dans lequel je puise. Ca demande pas mal d’énergie et de temps mais c’est aussi une contrainte qui stimule l’imagination et t’oblige à produire quelque chose dans un temps limité, chose que je ne ferai peut-être pas en temps normal car on sait bien qu’on repousse souvent à plus tard ce qu’on aimerait entreprendre. J’espère avoir répondu à ta question. Bises tardives.

  18. >Florence: Jolis, jolis et sans doute pas facile à écrire ces deux jolis haïkus avec les mots de Nénuphar et Prêle. Tu essaies de concurrencer Michel? ;-)) Bravo.

    > Merci à toi Alain du Mexique ainsi que pour tes visites pleines de vitalité et de bonne humeur alors que tu es certainement fatigué! Bises harmonieuses.

    >Pierre (1): Belle analyse de composition. Toujours le peintre qui parle. Cette mélancolie n’est pas triste; c’est plutôt une réflexion sur le déroulement des saisons et par conséquent de la vie. Tu vas donc passer une excellente journée. Je t’embrasse.

    >Catherine: Un poème tableau prémonitoire de la note suivante « Larmes » car je pensais aux larmes de sang de l’érable. Il fait bon s’asseoir au bord de ton tableau car il est très riche à contempler. C’est le rouge qui domine et toujours la note d’espoir qui illumine les coeurs. Merci beaucoup.

    >Merci Lilly pour tes mots qui déroutent un peu mais font réfléchir. J’espère que la route vers Me sera pleine de surprises. Je t’embrasse bien fort.

    >Bén: Effectivement, du joyeux désordre, on passe à un univers plus statique dominé par le rêve et la réflexion sereine. J’essaie de rythmer l’ordre des photos pour ne pas que que vous vous assoupissiez 😉 Merci pour ton enthousiasme.

    >Michel: Le rêve du papillon poursuit paisiblement son chemin au bord de l’eau. On en voit encore quelques uns comme les vulcains se poser sur les asters. Papillons éphémères.

    >Argoul: Tu as tout bien résumé. Tu es bref mais content d’être venu. Merci.

  19. REVERIE

    Mademoiselle,

    Je vous ai vue dans mon imagination amoureuse jouant entre des marbres républicains (à moins qu’ils ne fussent royaux ?), sous de grands arbres augustes. Jeune femme espiègle qui s’amusait entre des pierres érigées… Je vous ai associée à une allée bordée d’artifices. Image fulgurante. Où était-ce ? Versailles, peut-être.

    Versailles, j’en suis sûr !

    La vision est assez floue mais je vois de hautes grilles de fer forgé, des espaces pavés, une avenue, un parc, des sommets ciselés. L’asile de Mélancolie.

    Dans ce décor idéal qui sied aux évocations les plus chères de l’Amour, je vous ai vue charmer des statues. Des coeurs de pierre battaient autour de vous, des têtes pétrifiées se penchaient à votre passage : vous étiez oiseau de jardin batifolant sous l’escorte figée de silhouettes majestueuses. Deux ailes au soleil, une jupe brève, avec des bruits de souliers fins résonnant dans l’air.

    Vous étiez l’image de la Nostalgie, la femme intemporelle des photos jaunies, l’hôte inaltérable des réminiscences amoureuses, la mémoire universelle d’un peuple d’amants.

    Je vous ai vue mademoiselle comme un souvenir devenu regret, lointain mais intact. J’ai entendu vos rires ingénus dans ces lieux intimes et solennels. Pour tout dire, je rêvais avec nonchalance à ce décor printanier, dominical, anachronique qui m’est si cher. Quand vous êtes apparue.

    Vous traversiez mon rêve, vêtue d’un costume marin sous le soleil blanc d’un dimanche vernal.

    Raphaël Zacharie de Izarra

  20. Bonjour et bienvenue Raphaël puisque je crois me souvenir que c’est ton premier commentaire sur l’Oeil Ouvert. Cela me fait très plaisir que cette note suggère tant de choses à tes yeux. Ce que tu as écrit est très délicat et original. Merci beaucoup pour cette très belle évocation de l’amour dans ce paysage imaginaire. Reviens quand tu veux pour nous faire patager tes émotions. Bien amicalement.

  21. Je vous emmenais sur les hauteurs pies de la cité. L’ombre vespérale gagnait la nue, vous frissonniez sous le vent, je vous enlaçais. Mes lèvres croisèrent les vôtres.

    Les cloches s’ébranlèrent.

    La pierre nous entourait comme une troisième présence. L’église, telle une tombe vive, nous ensevelissait de sa lumière : le monde d’en bas disparaissait, il n’y avait plus que le Ciel et ses hôtes. Mon baiser devenait une prière. Belle vous étiez, telle ce crépuscule, belle ainsi que le vent, belle comme l’airain sonnant dans le soir.

    Cruels, mes mots sifflaient bientôt comme des ricanements. L’épreuve des apparences… Alliez-vous renier cet ange aux ailes cachées ? Je raillais, cynique, insolent, blessant… Votre regard cependant demeurait plein d’amour : vous étiez digne de mes feux.

    Avec ce sacre informel, j’étais entré dans votre âme par la porte royale. Je vous raccompagnais plus bas, le coeur apaisé, un éclat neuf dans le regard.

    Raphaël Zacharie de Izarra

  22. A Sillé-le Guillaume vers la fin de l’été je montais en direction de la pierre pieusement érigée, l’église, à la rencontre d’une illuminée aux allures de vestale. Qui devinerait que Sillé-le-Guillaume avec ses torpeurs provinciales abrite mes secrets d’esthète ? Des souvenirs intimes et éblouissants, mélancoliques et fulgurants m’ont rendu chère cette cité… Jadis dans cette ville j’expérimentais prouesses amoureuses et éprouvais feux de l’esprit. Une fois encore j’ai voulu faire se croiser ces deux sommets du coeur et de l’âme. Une jonction de la terre et du ciel, du temporel et de l’infini : amour terrestre et élévation spirituelle. Ce jour-là c’est en compagnie de Nathalie que je souhaitais accéder à l’ivresse sacrée, désireux d’oublier ma douleur d’avoir perdu Isabelle.

    Messager céleste et femme glorieusement incarnée, Nathalie que j’étreignis bientôt s’était manifestée à moi comme un mystère, une interrogation. A travers elle le Ciel m’avait exaucé puisque trois jours après nos baisers échangés à l’ombre du clocher, le miracle eut lieu : émue par le serment de nos lèvres, Isabelle revint à moi. Le tremblement de nos coeurs avait réveillé ses ardeurs. J’avais pris soin, en effet, de mettre au courant Isabelle de mon rendez-vous avec sa rivale.

    Mais, ironie du sort, Nathalie qui devait me faire revenir Isabelle avait pris sa place… A peine conçue, je devais étouffer ma flamme car l’aimée, celle dont j’avais tant pleuré l’absence, m’était revenue. Même si mes sentiments pour Isabelle n’étaient plus aussi ardents, Nathalie ayant involontairement détourné à son profit mes feux, la volonté céleste exigeait que je retournasse vers l’amante prodigue.

    Ce que je fis avec une joie amère au coeur. Je retrouvais Isabelle certes, mais en même temps je perdais Nathalie.

    Au contact de Nathalie, Isabelle prenait moins de prix dans mon coeur décidément inconstant… Désemparé, tiraillé entre les tourments exquis de l’amour naissant et le désir de sauver un hyménée de longue date, devais-je écouter ses battements et faire offense au Ciel qui m’avait fait revenir l’amante de toujours, ou devais-je le faire taire et acquiescer avec reconnaissance à la grâce qu’Il m’avait accordé ? A force de prières j’étais parvenu à Le faire fléchir, et voilà que j’étais tenté de détourner les yeux du cadeau divin !

    Le temps, me dis-je alors, apporterait la réponse à mes hésitations.

    Raphaël Zacharie de Izarra

  23. >Raphael:
    Je constate que cette note t’inspire de belles pensées et de très beaux textes puisque tu y reviens une deuxième fois. Serait-ce le baiser vermeil du haïku qui est à l’origine de cette inspiration? Merci pour ta visite.

  24. « Tu sais ce que c’est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse? Eh bien c’est ça : la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière. » Christian Bobin

    Plus on approche de la lumière, plus on se connaît plein d’ombre – Christian Bobin

  25. >Nath:
    Tu es aussi mélancolique, Nath.
    Magnifique phrase! Je ne connais pas bien les livres de Bobin. As-tu un bon titre à me conseiller? Bise vers toi.

  26. Les livres que j’ai préféré de Christian Bobin

    -L ‘enchantement simple et autres textes (Poésie/Gallimard)
    -La plus que vive (folio)

    Je ne sais pas si Nath partage ce choix, de toute façon chez cet auteur, il y a toujours dans ses prairies d’écriture, quelques petites fleurs à cueillir.

  27. Tout est bon chez Bobin… dont « La folle allure » d’où est tiré cette citation… « Prisonnier au berceau » l’un de ces derniers est une pure merveille et… « La bibiothèque de nuages » … tout est bon chez Bobin..
    « La petite robe de fête » et « isabelle Bruges » et … tout est bon chez Bobin… et « Le très bas » et …. et…. « l’homme qui marche »

    Bises à vous mesdames

  28. >Monique et Maria:
    Merci pour tes références. Le seul que j’ai lu est « Tout le monde est occupé  » et je n’ai pas tellement aimé. Je constate qu’il n’est pas dans ceux que vous me conseillez;-) Merci à vous deux.

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